Mise en Seine

Promener le regard le long du ruban qui enlace Paris, et découvrir à chaque escapade un visage nouveau, insoupçonné.

Elle s’écoule au cœur de la cité millénaire, au rythme du siècle et dans l’écho d’un passé fier.

Des fêtes battent leur plein sur ses flancs, des secrets se cachent sous ses arcades, des courses se livrent sur son tracé, des pas de danse à tout âge, par temps sage ou turbulent…
On y célèbre tous les jours la vie, en chansons, en romance, en jeux ou en bombance. Hommage permanent de toute une ville joyeuse et reconnaissante.

Le temps des lumières épouse dans ses flots celui des fastes dorés, celui de l’obscurité se love dans les serpentins de la discrétion. Parfois à l’abri des regards, parfois dans l’éclat d’un arc-en-ciel.
Toujours dans mes yeux !

Lire le ciel menaçant, pour en décortiquer les grondements, comprendre ses guerres intérieures, et trouver dans sa noirceur la lumière qui effacera ses chaudes larmes.

Unique parure que Paris peut porter à travers les siècles, pour conserver l’éclat de sa légende.

Au cœur d’une nuit d’insomnie, tu berces mes pensées, et ma plume inspirée couche son cru d’émotions.

Le singulier jalouse le pluriel. Sait-il qu’un et un ne font pas toujours deux ? Le pluriel rêve parfois d’être au singulier. Se souvient-il seulement de la saveur de la liberté ?

Diagonales tracées sur la terre ferme, les océans, à travers l’espace infini, comme autant de marques indélébiles de ton passage éphémère, ton œuvre unique, ta signature singulière.

Instant unique, je te savoure. Funambule au fil de l’eau, aussi paisible et détaché, donnant libre cours à mon esprit. Légèreté chérie, emporte-moi loin.

En éveille et le front ceint de lanternes, tu affrontes la noirceur des âmes autant que celle des rues. A la recherche des paroles qui interpellent l’esprit, la pensée, qui apaisent et réjouissent, accompagnent tous les arts.

Lorsque le talent mène la danse, l’admiration n’a ni âge ni frontières. Le monde en révérence se met au pas.

Inondé d’amour et l’humeur flottante, je me moque des révoltes de la nature et des cicatrices qui marquent ma chair. L’intérieur seul conduit ma vie, me protège et m’épanouit.

Regards croisés de l’ombre et la lumière, du présent dans les pas du passé, sous l’œil vigilant de l’éternité.

Que célèbre et glorifie cette couronne de laurier en or ? Ta splendeur, ta grandeur, ta longévité ? Il fallait bien qu’un Alexandre te baptise, pour te porter au rang de l’Histoire. Les Césars t’auraient choisi pour leur chemin de triomphe.

Pétales d’enfance au goût de bonbon, à vos marques !

Entre le crépuscule et l’aube, quand flirtent la nuit et le jour, l’amour de la lumière danse avec les nuances. Feu d’artifices et célébrations entre ciel et terre.

Rendez-vous sur mes rives, à l’heure joyeuse où l’humanité retrouve son bien le plus précieux celui que portent les sourires, le partage, les ivresses de toute nature.

Veilleurs de jour et de nuit, au cas où un mauvais plaisantin s’aviserait de voler ce pont à la barbe d’Henri, emballé qu’il soit par sa beauté.

Les pavés qui parlent et les flots qui chantent se disputent l’éclat d’or de la nuit pour nos beaux yeux.

Barricade d’insouciance, quelle joie de te dresser quelquefois pour mieux me retrouver avec moi-même, dans le vide apaisant. Indifférent au monde, oublié de l’existence.

Bouclés, frisés, torsadés, fragiles accroche-cœurs pour les sentiments que l’écume emporte. Destination renaissance.

Byron, plonge ta plume dans cet encrier unique, duquel Chopin aurait certainement extrait quelques notes de romantisme pour l’âme. Les amoureux se partageant ces marches vers leur destin commun savourent.

Dans ces étincelles l’été souffle son air de fête, son parfum de joie. Et quand Paris jubile, le long de tes berges petits et grands affluent pour célébrer la vie.